CHÂTEAU DE ST CLOUD ****
L'appartement de l'impératrice
Cette magnifique pièce d'angle, la seule boisée de l'appartement,
constituait la chambre de l'impératrice. C'est sous Monsieur une chambre
privée pour Madame, sous Marie Antoinette, cette pièce lui sert de
grand cabinet. C'est une pièce assez vaste, qui s'éclaire par deux
fenêtres sur la cour d'honneur et par deux fenêtre sur la Seine, et
s'ouvre par deux portes du côté des fenêtres sur le cabinet de toilette
et sur la salle de bain de l'appartement sous le Second Empire. Le
somptueux décor de boiseries sculptées et dorées à l'antique accompagné
d'une cheminée (située entre les deux fenêtres qui donnent sur la cour
d'honneur) est exécuté sur les indications de Mique pour la reine Marie
Antoinette à la fin du
XVIIIe siècle.
Sous celle-ci, le mobilier très abondant comportait un canapé, deux
bergères, deux fauteuils, quatre cabriolets, quatre chaises et deux
tabourets de pied en bois sculpté et doré commandés à Sené. L'essentiel a
été sauvé et se partage entre le Louvre et le salon de Musique de
l'Impératrice à Compiègne. Sous le Second Empire la pièce est annexée à
l'appartement de l'Impératrice par Eugénie. Elle devient sa chambre à
coucher, dans laquelle elle place, deux commodes au chiffre de Marie
Antoinette venant de Compiègne. C'est dans cet état qu'elle représentée
sur cette aquarelle de Fortuné de Fournier (ci-contre).
- Cabinet de toilette de l'impératrice
C'est une pièce très agréable, s'ouvrant sur quatre fenêtres cintrées
et donc très lumineuse, qui donnent sur le bassin du fer a cheval et
sur le parc. Des panneaux de boiseries au motif très raffiné alternent
avec les glaces et les arcades des portes sont décorées de festons et
guirlandes de fleurs tenus par des amours et ornant des médaillons. Le
plafond s'orne d'une belle frise et d'une rosace à guirlandes de fleurs.
Sous Marie Antoinette, c'est le cabinet intérieur du roi. Boulard a
créé pour celui-ci un canapé où il puisse « s'étendre sur toute sa
longueur ». On y trouve aussi un fauteuil avec un pupitre mécanique,
recouvert de pékin, d'autres sièges, une commode d'acajou et un
secrétaire de Riesener conçu pour la reine mais qui finira chez le roi.
Un ratelier porte-montres est accroché au mur, montrant la passion de
Louis XVI pour les arts mécaniques. Sous Eugénie, il devient le cabinet
de toilette de l'impératrice, meublé de tout le nécessaire dont un
psyché de style Louis XVI aujourd'hui à Compiègne. Ce salon s'ouvre sur
une salle de bains qui le met en communication avec la chambre de
l'Impératrice installée dans l'ancien Grand Cabinet de la Reine.
- Cabinet de travail de l'impératrice
C'est l'ancien cabinet du Conseil du Roi. A la place des quatre
grands panneaux de boiseries qui datent d'Eugénie, il y avait un lampas
fond bleu de ciel à losanges gris, corbeilles et fleurs et oiseaux, qui
alterne avec les miroirs et les petits panneaux de boiseries. Il était
meublé d'une table du conseil en acajou en deux parties pliantes qui
pouvaient se ranger sous une paire de consoles en bois doré que
complétait une commode en laque noire et bronze doré. Les sièges étaient
composés d'un grand fauteuil et de pliants tendus du même tissu que les
murs. La cheminée de marbre blanc et bronze doré, était ornée d'une
pendule du modèle de l'étude. Le Cabinet du Conseil devient sous le
second Empire le cabinet de travail de l'impératrice. On ajoute alors
les chiffres impériaux au dessus de porte, les panneaux de boiserie sont
posés, on repeint le plafond à la demande d'Eugénie « plafond à ciel
bleu et nuages », et on y installe le secrétaire à cylindre de Louis XV,
qui sert à l'impératrice jusqu'en 1870, et il a été heureusement
rapatrié au Louvre avant l'incendie en 1871 du château.
- Grand salon de l'impératrice
C'est l'ancienne chambre de Louis XVI. Celle-ci est tendue entre les
panneaux de boiseries d'un gros de Naples broché dont le modèle a été
conservé. Montrant le goût de Louis XVI pour la mécanique, quatre
cadrans ont été installés dans les panneaux de boiserie de l'alcôve par
l'horloger Robin : baromètre, thermomètre, deux pendules dont une
indique les phases de la lune, qui ont disparu dans l'incendie. Deux
gardes robes auxquelles donnent accès deux portes sous tenture sont
aménagées pour le roi derrière l'alcôve. Sous l'Empire la chambre
devient le Salon de Famille, rôle qu'il conserve ensuite jusqu'en 1870.
C'est la plus grande pièce des appartements royaux et impériaux : 8
mètres sur 10, soit les dimensions du salon de Diane à Versailles pour
donner un élément de comparaison. La pièce est en saillie par rapport
aux autres : deux fenêtres latérales vraies auxquelles deux fausses en
miroirs sont placées de part et d'autre des portes. Celles ci sont
doublées pour maintenir la symétrie. Une partie importante du décor de
boiseries a été complété en 1855, notamment sans doute les panneaux de
boiseries du mur du fond qui correspond à l'alcôve tendue de tissu sous
Louis XVI. L'ornement majeur du salon est le tableau de Murillo, la
Sainte Famille, que l'Impératrice avait obtenu de haute lutte du Louvre,
lequel s'est empressé de le récupérer dès le 23 août 1870. Il était
placé là où se trouvait le lit royal. L'autre curiosité de la pièce
était une glace mouvante qui se trouvait au dessus de la cheminée, entre
les fenêtres face à ce tableau.
Le Salon des officiers est l'ancien salon des Nobles du Roi. Elle
était alors tendue d'un damas jaune bordé de baguettes dorées. Une
grande carte collée sur toile avec les plans de Versailles et de ses
environs orne l'un des murs, sans doute celui du fond. Comme la
précédente, elle a été réduite en profondeur sous Louis Philippe pour
créer le couloir entre les deux appartements. Il porte le nom de Salon
Vert, du fait de la soie verte qui recouvre ses murs et le dessus des
portes et qui sert de fond à des tableaux modernes, ou de Salon des
Dames, car c'est là que se tiennent les dames du premier cercle de
l'impératrice. Une cheminée de marbre bleu turquin surmonté d'une glace
est la seule rupture dans ce décor vert avec le plafond peint de nuages
sur fond de ciel bleu.
Le Salon des Huissiers, ancienne seconde antichambre du roi. C'est
une pièce oblongue, qui a été raccourcie en profondeur sous Louis
Philippe d'environ 1,30 m pour créer le couloir évoqué quand nous étions
dans le salon du Conseil. Sous Louis XVI, elle est tendue d'un taffetas
vert sur lequel sont tendus des tableaux de scènes mythologiques et des
portraits, avec des dessus de porte en grisaille de Sauvage. Cette
pièce est dans l'angle du premier château de Saint Cloud, donc en
saillie par rapport au bâtiment qui abrite l'antichambre, l'escalier et
la salle à manger, ce qui fait qu'une fenêtre occupe le mur latéral. La
porte donne sur l'antichambre que nous venons de traverser. Une cheminée
de marbre blanc chauffe la pièce. Les murs du salon sont tendus d'un
damas cramoisi du même modèle que celui de l'appartement de l'empereur,
et qui lui vaut aussi le nom de « Salon rouge ».
Reconstruction du château de Saint-Cloud
Le château des Gondi (XVIe siècle)
Les
Gondi sont une famille de financiers
florentins arrivés en France en
1543 à la suite de
Catherine de Médicis. Dans les années
1570 – sans doute en
1577 – celle-ci offre à
Jérôme de Gondi
une maison à Saint-Cloud dénommée « hôtel d'Aulnay ». Autour de cette
maison, Jérôme de Gondi fait bâtir un château de plan en « L » bordant
une terrasse. La principale façade regarde le sud, et l'aile s'achève
par un pavillon d'où l'on embrasse une vue sur la Seine.
C'est dans le château de Jérôme de Gondi que, le 1
er août
1589,
Henri III, qui s'y est installé pour conduire le siège de Paris, tenu par les Ligueurs, est assassiné par le moine
Jacques Clément.
Henri IV y est reconnu roi.
Après la mort de Jérôme de Gondi en
1604, le château est vendu en
1618 par son fils
Jean-Baptiste II de Gondi à
Jean de Bueil, comte de Sancerre. Mais ce dernier meurt peu après, en
1625, et
Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, rachète le domaine et y fait faire des embellissements, notamment par
Thomas Francine, qui travaille dans les jardins.
À la mort de Jean-François de Gondi en
1654,
Philippe-Emmanuel de Gondi en devient propriétaire, puis son neveu
Henri de Gondi, duc de Retz, qui vend la propriété en
1655 à
Barthélemy Hervart,
financier d'origine allemande, intendant puis surintendant des
Finances. Celui-ci agrandit le parc jusqu'à 12 hectares, et fait faire à
Saint-Cloud des travaux considérables dont on ignore à peu près tout.
On sait seulement qu'il fait construire dans le parc une grande cascade,
souvent confondue avec celle qui a été conservée, plus tardive.
Le château de Monsieur
Le château de Saint-Cloud au
XVIIe siècle.
Le château construit par Monsieur affecte la forme d'un U ouvert vers
l'est, face à la Seine. Le château des Gondi est intégré dans l'aile
gauche. Sur l'arrière, une longue orangerie forme aile dans le
prolongement de l'aile droite sur cour. L'avenue d'entrée, bordée par
les communs et les dépendances (conservés), part en biais en direction
du pont.
Hardouin-Mansart construit dans l'aile gauche un grand escalier dans le style de l'
escalier des Ambassadeurs de
Versailles (détruit en 1752).
L'intérieur se signale notamment par le décor exécuté en
1660 par
Jean Nocret dans l'appartement de l'aile gauche (appartement de Madame) et par la galerie d'Apollon, longue de
45 mètres, située dans l'aile droite, entièrement décorée par
Pierre Mignard (
1677-
1680) : la magnificence de cet ensemble vaudra au peintre de supplanter à Versailles son rival
Charles Le Brun. L'orangerie, quant à elle, est décorée de fresques par
Jean Rousseau.
Dessiné par
André Le Nôtre,
le parc de Saint-Cloud affecte le dessin habituel du célèbre
paysagiste, ordonné selon deux axes perpendiculaires dont l'un est
parallèle à la
Seine.
La manière dont Le Nôtre a tiré parti d'un relief accidenté et d'une
situation complexe – le château se trouvant implanté à mi-colline et non
sur la hauteur – est extrêmement remarquable, tout comme la
sophistication du plan. La Grande Cascade, construite en
1664-
1665 par
Antoine Le Pautre
et qui a fort heureusement été conservée, en est l'un des éléments les
plus notables. Le bassin et le canal du bas ont été ajoutés par
Hardouin-Mansart en
1698-
1698
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