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dimanche 30 décembre 2012

CHÂTEAU DE CORMATIN

CHÂTEAU  DE CORMATIN  ****





"Un séjour d'attraits, d'art et de délices" 
 
Entre Tournus et Cluny, au cœur de la Bourgogne du Sud, le château de Cormatin vous attend au milieu de ses jardins et de ses pièces d’eau.
Les marquis d’Huxelles l'ont fait construire au début du XVIIe siècle pour témoigner de leur puissance et de leur prestige: larges douves, tourelles, haut socle à bossages, canonnières et pont-levis, le château était fait pour impressionner. Il y réussit encore aujourd’hui.
 
Le château, les douves et le parc

L'art de vivre de la Noblesse au XVIIe siècle

L'escalier intérieur « vide à la moderne » est copié sur celui qui existait au palais du Luxembourg, à Paris. Haut de 20m et large de 9m, il séduit par l’ampleur de ses perspectives, la beauté des jeux de lumière et l'harmonie de ses lignes.

Les célèbres « Salles dorées » apportent le plus brillant et authentique témoignage sur l’art de vivre de la noblesse française au début du XVIIe siècle.
Peints, sculptés et dorés du sol au plafond, ces appartements éblouissent par leur polychromie et le raffinement des détails. Meubles, tableaux et tapisseries ajoutent encore à la justesse de l’évocation.

A la Belle Epoque, un directeur de l’opéra de Monte-Carlo fut propriétaire du château. Il revisita les styles pour aménager des chambres et salons byzantins, Renaissance, Louis XIV, où l'on peut évoquer encore ses invités célèbres, Chaliapine, Caruso, Jules Massenet, Cécile Sorel.
Le cabinet d'harmonie - Cormatin
Les salles dorées
 
 

Les "Salles dorées", une somptuosité exemplaire

Les « Salles dorées », réalisées en 1627-28, constituent « une des sources majeures de nos connaissances sur le décor français dans la première moitié du XVIIe siècle » (Alain Mérot).
La qualité des propriétaires, proches de la reine-mère Marie de Médicis et des cercles de la Préciosité parisienne confèrent à ces appartements un caractère exemplaire, et l’on peut y évoquer la somptuosité disparue des hôtels parisiens du Marais ou du quartier du Louvre.
 

L'appartement de la Marquise

L’appartement de la marquise d’Huxelles a conservé la distribution habituelle à l’époque dans la haute noblesse : suivant un ordre croissant d’intimité, on passe de l’antichambre à la chambre puis au cabinet.

L'antichambre
L’antichambre est la salle publique, sorte de « sas social », que traversent les personnes de qualité et où attendent les personnes inférieures. On n’y reçoit que les jours de bal et de banquet.
En France, c’est la seule grande salle de l’époque à avoir gardé des « boiseries de hauteur » couvrant la totalité des murs.
Au-dessus de la cheminée, dans un encadrement de trophées militaires, le jeune roi Louis XIII caracole devant les tours de Notre-Dame de Paris.
L'antichambre de la Marquise
L'antichambre de la Marquise

Louis XIII devant Paris
Louis XIII devant Paris

La chambre de la marquise

C’est la pièce principale d’un appartement, le lieu de la sociabilité, où les familiers ont libre accès : on y dort, on y reçoit et on y prend les repas. Le plafond à la française est somptueux, avec ses poutres peintes en bleu de lapis lazuli, ses ornements en relief blanc et or et ses fleurs assemblées en bouquets et corbeilles. La cheminée, par son ampleur, évoque les rétables des églises baroques. Elle est ornée d’un tableau «Vénus commandant à Vulcain des armes pour Enée» peint avant 1626 par Quentin Varin, peintre attitré de la reine Marie de Médicis et apporté à Cormatin en avril 1627.

Deux pièces complètent ces salles d’apparat, un cabinet pour l’intimité et le confort et une garde-robe pour le service des femmes de chambre. On peut donc comprendre à Cormatin l’organisation de la vie quotidienne au XVIIe siècle, dans un temps où public et privé commençaient à peine à se différencier.
Le plafond de la chambre de la Marquise
Le plafond de la chambre de la Marquise

Corbeille de fleurs sur les lambris de la chambre
Corbeille de fleurs sur les lambris de la chambre

 

La liaison entre l’appartement de la marquise et celui de son mari, Jacques du Blé, se faisait par deux pièces, conçues comme des espaces de présentation pour les hôtes privilégiés : la salle des miroirs et le cabinet de Sainte Cécile.
 

La salle des miroirs

C'est un témoignage très rare de ces « chambres des merveilles » ou « cabinets de curiosités », si fréquents en Europe au début du XVIIe siècle. On y assemblait, sans esprit scientifique mais pour alimenter des réflexions symboliques, objets exotiques ou étranges, coquillages, animaux empaillés, minéraux, bronzes, etc.
Le plafond à caissons ornés d’amours volant sur fond de ciel est un des plus anciens témoignages de l’implantation en France de cette mode italienne, apportée au palais du Luxembourg en 1625-26 par Orazio Gentileschi. Pour renforcer le caractère initiatique du cabinet, le plafond comporte des symboles alchimiques (au centre, l'enfant répandant des roses à l'aurore représente la "Rosea" nécessaire aux opérations alchimiques).
Au-dessus de la cheminée, le maître des lieux, Jacques du Blé surnommé à la Cour "le Rousseau de la Reine".
La salle des miroirs
La salle des miroirs

Le cabinet de Sainte Cécile

Le cabinet du marquis ou « Cabinet de Ste Cécile » est la gloire de Cormatin (3 étoiles guide Bourgogne-Michelin). Ce « studiolo » est certainement la pièce la plus luxueuse et la mieux conservée en France du début XVIIe siècle. La profusion décorative fait naître, « aux lueurs glissantes de l’or, un de ces « enchantements », chers aux Précieux, devant lesquels la raison doit s’avouer vaincue » (A. Mérot).
Chaque détail est peint avec une grande délicatesse, surtout fleurs et fruits, témoignant de l’origine flamande des peintres, qui ont réalisé ce décor en 1625.
Un programme symbolique fédère les nombreux motifs. Il célèbre la régénération de l’âme, grâce au Blé mystique (allusion au nom de la famille), aux vertus et à l’Harmonie personnifiée par Ste Cécile.
Le cabinet de Sainte Cécile
Le cabinet de Sainte Cécile

La cuisine

A l'époque révolutionnaire, l’antichambre du marquis devient cuisine, quand la propriétaire vit seule au château avec ses six enfants. La pièce garde cette fonction jusqu’en 1950. Elle est restée en état, avec son potager (foyers ouverts pour mijoter), sa grande cheminée avec tourne-broche, son tableau des sonnettes, etc.
La cuisine du château
Les préparatifs d'un grand repas...

La chambre du marquis

A l'époque de Jacques du Blé, la pièce était tendue de tapisseries sur le thème des travaux d'Hercules. On peut y voir aujourd'hui une superbe tapisserie de Bruxelles représentant Méléagre partant à la chasse au sanglier avec Atalante et recevant l'aide de Castor et Pollux (1658). C'est le peintre Charles Le Brun qui avait composé les huit tableaux de l'histoire de Méléagre, transposés en tapisseries à la demande du surintendant des finances, Nicolas Fouquet.
Sur les murs de la chambre, sont également présentés dix tableaux (fin XVIe siècle, attribués à Stradanus) représentant les empereurs romains à cheval.
Ils ont une provenance illustre puisqu'ils faisaient partie de la collection des Gonzagues à Mantoue. Ils ont été donnés à la veuve de Jacques du Blé par le duc de Mantoue, Charles de Gonzagues-Nevers pour les services rendus par son mari pendant la guerre de succession et la campagne militaire du Montferrat (1628).
La chasse de Méléagre - Tapisserie de Bruxelles
La chasse de Méléagre - Tapisserie de Bruxelles

Les salles 1900

A la fin du XIXe, le propriétaire est Raoul Gunsbourg, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo. Il restaure le château en respectant les décors du XVIIe siècle. Cependant, il s’amuse à concevoir lui-même des appartements pour ses invités dans les parties du château qui n’avaient plus de décor. Très éclectique dans ses choix, il crée des ambiances romaines, Louis XIV, Renaissance, gothiques, byzantines, etc. Il n’hésite pas à démembrer des meubles anciens pour composer des cheminées, armoires ou buffets dans le style choisi…

À l’étage, le salon-bibliothèque permet d’évoquer les célèbres chanteurs et compositeurs, qui séjournaient à Cormatin pendant les étés de la Belle Epoque, Caruso, Chaliapine, Litvine, Jules Massenet, etc.
Le grand tableau « Ronde antique » de Feyen-Perrin a été exposé au Salon des Beaux-Arts de 1863. Gunsbourg l’a acquis à Paris vers 1910 et Matisse l'aurait vu peu avant, au moment où il élaborait son tableau « La Danse » (1909).
La
La "Ronde antique" dans le salon-bibliothèque
 

La bibliothèque 1900
La bibliothèque 1900
 
 
Les générations suivantes résident peu en Bourgogne. Cependant Nicolas du Blé, maréchal de France, gouverneur de l’Alsace et membre du Conseil de régence à la mort de Louis XIV y est exilé en 1722, pour son opposition à l’alliance avec l’Angleterre.
Son neveu et héritier, Henri-Camille de Béringhen, Premier Ecuyer du roi Louis XV, laisse ensuite tout le marquisat d’Huxelles à sa fille naturelle, Sophie Verne.
Portrait de Jacques du Blé
Portrait de Jacques du Blé

Le vin de Bourgogne sauve le château !

Avec elle, le château retrouve vie à la belle saison. Son mari, Pierre Dezoteux, aide-de-camp de Rochambeau pendant la guerre d’indépendance américaine, acclimate dans les jardins de nombreux arbres (tulipiers de Virginie, cyprès-chauves de Louisiane).
Au moment de la « Grande Peur » de 1789, il réussit à calmer les émeutiers, prêts à brûler le château, en faisant sortir pour eux tous les tonneaux des caves…
Pendant la Révolution, il devient le chef des Chouans de Bretagne, sans que sa femme, restée à Cormatin avec ses six enfants, ne soit inquiétée. Le château traverse sans dommage la tourmente. Cependant, en 1815, des transformations maladroites entraînent l’écroulement de l’aile sud.
Le blason de la famille du Blé
Le blason de la famille du Blé

Les amours du poète

En 1812, Lamartine séduit la fille des propriétaires, Nina Dezoteux, épouse du comte de Pierreclau et un fils nait de ces amours. Le poète revient souvent au château à partir de 1843, lorsqu’un de ses proches, Henri de Lacretelle, en hérite. Il y écrit une importante partie de « L’histoire des Girondins », grâce aux archives familiales. En 1847, il réunit à Cormatin ses amis politiques pour rédiger son programme "républicain et socialiste". Imprimé à Macon, ce texte connaît un retentissement européen lors des révolutions de 1848.
Pour garder le souvenir de l’évènement, une statue de la seconde république française est érigée dans la cour en 1849. Elle a survécu mais… décapitée.

Le 14 juillet 1888 nait au château Jacques de Lacretelle, un des grands écrivains français du XXe siècle (Silbermann). Dans sa série romanesque « Les Hauts-Ponts », il s’inspire du drame que fut pour sa famille la perte du domaine, vendu en 1898 à Raoul Gunsbourg.
Avec ce Directeur de l'Opéra de Monte-Carlo, Cormatin devient une des étapes estivales du monde du spectacle et de la politique. Chaque année, le « Concours musical de Cormatin », présidé par le compositeur Jules Massenet, fait entendre une opérette ou un opéra devant les façades du château. Les interprètes sont prestigieux : Caruso, Chaliapine, Litvine, Tamagno, etc.

Après cette période brillante, plus de 50 années de négligence amènent Cormatin au bord de la ruine. En septembre 1980, Anne-Marie Joly, Marc Simonet-Lenglart et Pierre-Albert Almendros font l’acquisition de ce « chef-d’œuvre en péril ». Depuis, ils se consacrent à sa restauration et à sa mise en valeur, grâce au soutien des 60000 personnes qui visitent le château chaque année.
De 1982 à 1995, la restauration du château a également bénéficié des aides financières du Ministère de la Culture et du Conseil Général de Saône et Loire pour la restauration des façades, le recreusement des douves et la mise en valeur des décors peints du XVIIe siecle.
La statue de la république, décapitée
La statue de la république, décapitée

Jacques de Lacretelle
Jacques de Lacretelle

Raoul Gunsbourg
 
 

La cour

Dans la cour, les portails allègent le parti très rigoureux voulu par Antoine du Blé. Ils sont ajoutés en 1624 sur des dessins attribués à Salomon de Brosse, et sont très proches d'autres œuvres du grand architecte de Marie de Médicis.
Les portails sur la cour du château
Les portails sur la cour du château

Un vaste escalier d'honneur

L’escalier d’honneur, au centre de l’aile nord, est le plus vaste que l'on ait conservé du modèle à vide central sur plan carré.
Commandé par contrat signé à Paris en janvier 1624, construit en pierre sur quatre niveaux, et terminé en dix mois, il reprend les dispositions de l’escalier du palais du Luxembourg, élevé par Salomon de Brosse pendant l’année 1623 (détruit au début du XIXe siècle).
Il est particulièrement remarquable pour ses larges arcs rampants supportant les volées de pierre et pour ses magnifiques balustres « posez de la mesme distance et de semblable architecture que ceulx de l’hostel du Luxembourg » (contrat de 1624).
L'escalier d'honneur

La restauration du château, dans l'authenticité

Longtemps abandonné, le château a été restauré à partir de 1980 dans un total respect de son authenticité. Les principaux guides touristiques (Guide Vert, Le Routard, etc.) rendent hommage à cet "entretien diligemment mené qui en fait une attraction souveraine". Les jardins ont été recréés sur 11 hectares : parterres fleuris, labyrinthe de buis, volière, bosquets, théâtre de verdure, potager, fontaines et pièces d’eau constituent ce « jardin de plaisir », aujourd’hui cité parmi les plus beaux de France.

Depuis 1982, Cormatin est aussi le cadre d’un festival de théâtre, « les Rendez-Vous de Cormatin ».
Chaque été, près de 40 représentations proposent à plus de 12000 spectateurs les auteurs les plus variés, d’Aristophane à Molière.
Les jardins autour du château
Les jardins autour du château
Chateau de Cormatin - Bourgogne

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