HISTOIRE DU CHATEAU DE COURTANVAUX ****
Le nom de Courtanvaux apparaît à la même date que Bessé, mais c’est au tout début du XVème que Jean Le Tort, commandeur de la Commanderie des Templiers d’Arville,
près de Mondoubleau, fait édifier à Courtanvaux un ensemble entouré de
hautes murailles, de fossés et d’un pont-levis : le château de
Courtanvaux est né !
Son fils, Jean II qui lui succède bâtira tant la chapelle Sainte-Catherine en l’église de Bessé que la chapelle Notre Dame de Lorette à Courtanvaux (circa 1454)
Son fils, Jean II qui lui succède bâtira tant la chapelle Sainte-Catherine en l’église de Bessé que la chapelle Notre Dame de Lorette à Courtanvaux (circa 1454)

Le domaine passera en 1455, par donation, aux mains
d’un neveu, Jacques de Berziau, gouverneur du Vendôsmois, dont la fille
Françoise épousera en 1510 Antoine de Souvré. Son petit-fils, Gilles, né
en 1542, au cœur des guerres de religion, est page du Duc d’Anjou, Henri de Valois, futur Henri III. Sa femme épousée en 1582 lui apporte en dot la châtellenie de Bonneveau.
De son côté, comme on l’a vu, il achète Courtanvaux à
Marguerite de Vendôsmoys : il devient alors le premier seigneur de
Bessé à être également seigneur de Courtanvaux. Devenu un familier du
roi Henri IV - qui l’appelait « La Gode », surnom qui pourrait être à l’origine du nom du château de La Godelinière où
résida le Roi - il est nommé Lieutenant Général de Touraine, puis par
lettres patentes du 14 février 1609, « Gouverneur de la personne de
Monseigneur Le Dauphin et Premier Gentilhomme de sa Chambre »
La même année le Roi Henri IV le fait Marquis de
Courtanvaux au sein du duché de Vendôme attaché à César de Bourbon son
fils naturel. Le Marquisat compte cinq châtellenies : Courtanvaux,
Bonneveau, Trôo, Vancé, La Chénuère (Ruillé), ainsi que neuf églises et
chapelles : La cure, la chapelle Sainte-Catherine et la Maison de
Charité de Bessé, les cures de Bonneveau, La Chapelle-Huon, Conflans, le
Chapitre et la Chevecerie (mense Capitulaire) de Trôo et l’église et la
cure de Vancé.
Le roi Louis XIII le fera Maréchal de France avec
cet éloge qui souligne la confiance de l’ancien Dauphin qu’il était :
« Monsieur, si je n’étais roi de France, je voudrais être Souvré » ;
Retiré à Courtanvaux, Gilles de Souvré y décèdera le dimanche 18 octobre
1626 à l’âge de 84 ans et sera inhumé dans la chapelle Sainte-Catherine de l’église de Bessé.
DU MARQUIS DE COURTANVAUX AU MARQUIS DE LOUVOIS
Plusieurs décennies passent après la disparition du
grand homme, et notre Histoire retient pour la suite le nom de la
dernière Souvré, Anne, fille unique et posthume de Charles de Souvré,
seul héritier mâle vivant de Jehan de Souvré, fils aine de Gilles.
Cette arrière petite-fille de Gilles (dont le père,
parmi ses charges, avait celle d’Abbé – non tonsuré - de Saint-Calais),
protégée qu’elle était du Maréchal de Villeroy,
son grand-oncle maternel, fut par lui mariée à l’âge de quinze ans,
« au grand scandale de toute la France » aux dires de Saint-Simon, à François Michel Le Tellier, futur marquis de Louvois, Ministre de la Guerre de Louis XIV.
Elle lui apporta en dot l’immense fortune de la Maison de Souvré et
c’est avec elle que le marquisat de Courtanvaux passa à la Maison Le
Tellier dont les aînés en portèrent le titre jusqu’en 1780. Au décès de
son époux en 1691, Anne de Souvré ne revint plus à Courtanvaux, alors confié à un régisseur.
DES LE TELLIER, MARQUIS DE LOUVOIS AUX MONTESQUIOU
Durant 5 générations, le château sera déserté par les
Le Tellier jusqu’à ce qu’en 1780, Louise Charlotte Françoise Le
Tellier, héritière de Courtanvaux à la 6ème génération, née le 25 juin
1765, épouse Elisabeth Pierre Comte de Montesquiou. Le contrat de
mariage fut passé au château de Versailles «de l’agrément et avec la
permission» du roi, de la reine et de toute la famille royale. La
bénédiction nuptiale fut donnée en la chapelle de l’hôtel du marquis de
Courtanvaux, aïeul de la mariée. Cet hôtel se trouvait rue de Richelieu à
l’emplacement actuel du square de Louvois.
Le comte et la comtesse de Montesquiou résistèrent à
la redoutable épreuve que fut la Révolution : ils n’émigrèrent pas et
leurs biens ne furent pas confisqués mais ils passèrent de longs mois en
prison et furent, par la chute de Robespierre, sauvés in extremis de
l’échafaud qui les attendait. La comtesse de Montesquiou allait alors
occuper la très haute et très lourde charge de gouvernante du roi de
Rome, fils de l’Empereur Napoléon Ier et de l'archiduchesse Marie-Louise
d'Autriche, né le 20 mars 1811. Sa nomination comme « gouvernante des
enfants de France » (tel était son titre officiel renouvelé de l’Ancien
Régime) date du 22 octobre 1810
Son mari, député de Seine-et-Marne en 1805 fut nommé
Grand Chambellan de France en 1809 en remplacement de Talleyrand, et
comte de l’Empire la même année. A la chute de l’Empire en 1815, le
comte et la comtesse de Montesquiou fixèrent leur résidence à
Courtanvaux qui n’avait pas été habité depuis 134 ans... En 1819, le roi
Louis XVIII éleva de nouveau le comte de Montesquiou à la Pairie.
Le comte et la comtesse fient des travaux de
restauration considérables et, à l’instar de Monsieur Pierre Phaure,
ancien Président du Syndicat d’Initiative et auteur d’une longue
chronique sur Maman’Quiou, l’on peut écrire «et affirmer sans se tromper
que c’est grâce à eux que cette remarquable demeure est encore
aujourd’hui dans l’état qu’admirent les visiteurs». Le comte fut élu
Maire de Bessé pendant 16 années consécutives et les Besséens lui
doivent de nombreuses autres réalisations.
C’est ainsi qu’il acquit en 1824 une grande bâtisse
sise rue de Courtanvaux (rue Pasteur de nos jours et rue des
« sans-culottes » sous la Révolution) et en fait don, l’année suivante,
aux Sœurs de la Charité en échange de la maison qu’elles occupent rue de
la Fontaine (aujourd’hui rue du Docteur Ferrien). Transférée en 1826
sous le nom de Maison Notre Dame de la Pitié, elle est transformée en
hospice par ordonnance de Charles X datée du 11 juin 1828. C’est cet
hospice qui fut, en 1969, remplacé par l’actuelle Maison de Retraite
Municipale. En 1824, également, le comte cède à Monsieur Montaru-Pothée
(petit-fils d’Elie Savatier) un moulin à blé situé à l’entrée de la
ville en venant de Poncé, à la condition qu’y soit établi un moulin à
papier...
Membre de la Chambre des Pairs, il fut également Conseiller Général de la Sarthe et présida l’Assemblée Départementale en 1826, 1827 et 1833. Madame de Montesquiou sut se faire aimer des Besséens et inaugura au château de Courtanvaux qui leur était largement ouvert la tradition d’une kermesse annuelle. Les Montesquiou y moururent tous deux, le comte le 4 août 1834 et, celle dont l’Histoire de France a gardé la mémoire sous le nom de « Maman’Quiou », l’année suivante, le 29 mai 1835.
Membre de la Chambre des Pairs, il fut également Conseiller Général de la Sarthe et présida l’Assemblée Départementale en 1826, 1827 et 1833. Madame de Montesquiou sut se faire aimer des Besséens et inaugura au château de Courtanvaux qui leur était largement ouvert la tradition d’une kermesse annuelle. Les Montesquiou y moururent tous deux, le comte le 4 août 1834 et, celle dont l’Histoire de France a gardé la mémoire sous le nom de « Maman’Quiou », l’année suivante, le 29 mai 1835.
Maman’Quiou et son époux sont inhumés au cimetière de
Bessé-sur-Braye dans la sépulture familiale de la famille de
Montesquiou. Le comte et la comtesse eurent quatre fils et une fille.
L’aîné, Charles
Eugène,
étant mort en 1810, c’est son frère Anatole qui hérita le château où il
mourut en 1878. L’aîné de ses petits-fils, Odon en hérita à son tour.
Après sa mort en 1882, sa veuve, la princesse roumaine Marie Bibesco,
fit exécuter de somptueux travaux de décoration dans le château et
réaménager le parc. Son petit-fils, Odon (1906-1964) y vécut de longues
années en solitaire. A sa mort, le château revint à son cousin le duc
Pierre de Montesquiou-Fezensac, descendant de Charles Eugène, qui
entreprit de le faire revivre.


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