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mardi 18 décembre 2012

chateau de courtanvaux

HISTOIRE DU CHATEAU DE COURTANVAUX ****

Le nom  de Courtanvaux apparaît à la même date que Bessé, mais c’est au tout début du XVème que Jean Le Tort, commandeur de la Commanderie des Templiers d’Arville, près de Mondoubleau, fait édifier à Courtanvaux un ensemble entouré de hautes murailles, de fossés et d’un pont-levis : le château de Courtanvaux est né !
Son fils, Jean II qui lui succède bâtira tant la chapelle Sainte-Catherine en l’église de Bessé que la chapelle Notre Dame de Lorette à Courtanvaux (circa 1454)
Le domaine passera en 1455, par donation, aux mains d’un neveu, Jacques de Berziau, gouverneur du Vendôsmois, dont la fille Françoise épousera en 1510 Antoine de Souvré. Son petit-fils, Gilles, né en 1542, au cœur des guerres de religion, est page du Duc d’Anjou, Henri de Valois, futur Henri III. Sa femme épousée en 1582 lui apporte en dot la châtellenie de Bonneveau.
De son côté, comme on l’a vu, il achète Courtanvaux à Marguerite de Vendôsmoys : il devient alors le premier seigneur de Bessé à être également seigneur de Courtanvaux. Devenu un familier du roi Henri IV - qui l’appelait « La Gode », surnom qui pourrait être à l’origine du nom du château de La Godelinière où résida le Roi - il est nommé Lieutenant Général de Touraine, puis par lettres patentes du 14 février 1609, « Gouverneur de la personne de Monseigneur Le Dauphin et Premier Gentilhomme de sa Chambre »
La même année le Roi Henri IV le fait Marquis de Courtanvaux au sein du duché de Vendôme attaché à César de Bourbon son fils naturel. Le Marquisat compte cinq châtellenies : Courtanvaux, Bonneveau, Trôo, Vancé, La Chénuère (Ruillé), ainsi que neuf églises et chapelles : La cure, la chapelle Sainte-Catherine et la Maison de Charité de Bessé, les cures de Bonneveau, La Chapelle-Huon, Conflans, le Chapitre et la Chevecerie (mense Capitulaire) de Trôo et l’église et la cure de Vancé.
Le roi Louis XIII le fera Maréchal de France avec cet éloge qui souligne la confiance de l’ancien Dauphin qu’il était : « Monsieur, si je n’étais roi de France, je voudrais être Souvré » ; Retiré à Courtanvaux, Gilles de Souvré y décèdera le dimanche 18 octobre 1626 à l’âge de 84 ans et sera inhumé dans la chapelle Sainte-Catherine de l’église de Bessé.

DU MARQUIS DE COURTANVAUX AU MARQUIS DE LOUVOIS

Plusieurs décennies passent après la disparition du grand homme, et notre Histoire retient pour la suite le nom de la dernière Souvré, Anne, fille unique et posthume de Charles de Souvré, seul héritier mâle vivant de Jehan de Souvré, fils aine de Gilles.
Cette arrière petite-fille de Gilles (dont le père, parmi ses charges, avait celle d’Abbé – non tonsuré - de Saint-Calais), protégée qu’elle était du Maréchal de Villeroy, son grand-oncle maternel, fut par lui mariée à l’âge de quinze ans, « au grand scandale de toute la France » aux dires de Saint-Simon, à François Michel Le Tellier, futur marquis de Louvois, Ministre de la Guerre de Louis XIV. Elle lui apporta en dot l’immense fortune de la Maison de Souvré et c’est avec elle que le marquisat de Courtanvaux passa à la Maison Le Tellier dont les aînés en portèrent le titre jusqu’en 1780. Au décès de son époux en 1691, Anne de Souvré ne revint plus à Courtanvaux, alors confié à un régisseur.

DES LE TELLIER, MARQUIS DE LOUVOIS AUX MONTESQUIOU

Durant 5 générations, le château sera déserté par les Le Tellier jusqu’à ce qu’en 1780, Louise Charlotte Françoise Le Tellier, héritière de Courtanvaux à la 6ème génération, née le 25 juin 1765, épouse Elisabeth Pierre Comte de Montesquiou. Le contrat de mariage fut passé au château de Versailles «de l’agrément et avec la permission» du roi, de la reine et de toute la famille royale. La bénédiction nuptiale fut donnée en la chapelle de l’hôtel du marquis de Courtanvaux, aïeul de la mariée. Cet hôtel se trouvait rue de Richelieu à l’emplacement actuel du square de Louvois.
Le comte et la comtesse de Montesquiou résistèrent à la redoutable épreuve que fut la Révolution : ils n’émigrèrent pas et leurs biens ne furent pas confisqués mais ils passèrent de longs mois en prison et furent, par la chute de Robespierre, sauvés in extremis de l’échafaud qui les attendait. La comtesse de Montesquiou allait alors occuper la très haute et très lourde charge de gouvernante du roi de Rome, fils de l’Empereur Napoléon Ier et de l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, né le 20 mars 1811. Sa nomination comme « gouvernante des enfants de France » (tel était son titre officiel renouvelé de l’Ancien Régime) date du 22 octobre 1810
Son mari, député de Seine-et-Marne en 1805 fut nommé Grand Chambellan de France en 1809 en remplacement de Talleyrand, et comte de l’Empire la même année. A la  chute de l’Empire en 1815, le comte et la comtesse de Montesquiou fixèrent leur résidence à Courtanvaux qui n’avait pas été habité depuis 134 ans... En 1819, le roi Louis XVIII éleva de nouveau le comte de Montesquiou à la Pairie.
Le comte et la comtesse fient des travaux de restauration considérables et, à l’instar de Monsieur Pierre Phaure, ancien Président du Syndicat d’Initiative et auteur d’une longue chronique sur Maman’Quiou, l’on peut écrire «et affirmer sans se tromper que c’est grâce à eux que cette remarquable demeure est encore aujourd’hui dans l’état qu’admirent les visiteurs». Le comte fut élu Maire de Bessé pendant 16 années consécutives et les Besséens lui doivent de nombreuses autres réalisations.
C’est ainsi qu’il acquit en 1824 une grande bâtisse sise rue de Courtanvaux (rue Pasteur de nos jours et rue des « sans-culottes » sous la Révolution) et en fait don, l’année suivante, aux Sœurs de la Charité en échange de la maison qu’elles occupent rue de la Fontaine (aujourd’hui rue du Docteur Ferrien). Transférée en 1826 sous le nom de Maison Notre Dame de la Pitié, elle est transformée en hospice par ordonnance de Charles X datée du 11 juin 1828. C’est cet hospice qui fut, en 1969, remplacé par l’actuelle Maison de Retraite Municipale. En 1824, également, le comte cède à Monsieur Montaru-Pothée (petit-fils d’Elie Savatier) un moulin à blé situé à l’entrée de la ville en venant de Poncé, à la condition qu’y soit établi un moulin à papier...

Membre de la Chambre des Pairs, il fut également Conseiller Général de la Sarthe et présida l’Assemblée Départementale en 1826, 1827 et 1833. Madame de Montesquiou sut se faire aimer des Besséens et inaugura au château de Courtanvaux qui leur était largement ouvert la tradition d’une kermesse annuelle. Les Montesquiou y moururent tous deux, le comte le 4 août 1834 et, celle dont l’Histoire de France a gardé la mémoire sous le nom de « Maman’Quiou », l’année suivante, le 29 mai 1835.
Maman’Quiou et son époux sont inhumés au cimetière de Bessé-sur-Braye dans la sépulture familiale de la famille de Montesquiou. Le comte et la comtesse eurent quatre fils et une fille. L’aîné, Charles Eugène, étant mort en 1810, c’est son frère Anatole qui hérita le château où il mourut en 1878. L’aîné de ses petits-fils, Odon en hérita à son tour. Après sa mort en 1882, sa veuve, la princesse roumaine Marie Bibesco, fit exécuter de somptueux travaux de décoration dans le château et réaménager le parc. Son petit-fils, Odon (1906-1964) y vécut de longues années en solitaire. A sa mort, le château revint à son cousin le duc Pierre de Montesquiou-Fezensac, descendant de Charles Eugène, qui entreprit de le faire revivre.

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