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mardi 25 décembre 2012

CHÂTEAU DE PIERREFOND



Image illustrative de l'article Château de Pierrefonds


CHÂTEAU DE PIERREFOND  ****



Le château de Pierrefonds est un imposant château fort situé à Pierrefonds, dans le département de l'Oise, à la lisière sud-est de la forêt de Compiègne, au nord de Paris, entre Villers-Cotterêts et Compiègne.
Le château de Pierrefonds présente la plupart des caractéristiques de l'ouvrage défensif du Moyen Âge. Il fut sauvé par Viollet-le-Duc, au XIXe siècle, qui y entreprit également d'importants travaux de décoration et de création de mobilier.
Ce château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 18621.


Au XIIe siècle, un château s'élevait déjà sur le site, construit par le puissant lignage des Nivelon, seigneurs de Pierrefonds, originaires de Quierzy. Il n'en reste que des caves situées sous le logis du XIe siècle. Ce château passe à la fin du XIIe siècle au roi Philippe Auguste, et demeure ensuite dans le domaine royal4.

Le château de Louis d'Orléans (1396 - 1407)

En 1392, à la mort de son père Charles V, Louis d'Orléans reçoit en apanage le comté de Valois, plusieurs châtellenies, dont Pierrefonds, et le duché de Touraine. En 1406, le roi érige le comté en duché, y incluant entre autres Pierrefonds. En 1396, Louis d'Orléans entreprend la reconstruction quasi totale du château, l'architecte n'en est pas connu, bien qu'on puisse sans doute attribuer l'édifice à Raymond du Temple. Le chantier fut dirigé par le maître des œuvres de la châtellenie de Senlis Jean le Noir, et supervisé après la mort de Raymond du Temple par le maître général des œuvres du duché Jean Aubelet. Les travaux s'interrompirent après l'assassinat du duc en 1407, alors que les logis bordant la cour ne comportaient encore que leurs deux niveaux gigantesques de caves, mais ils ne furent jamais achevés.

Démantèlement du château par Louis XIII (1617)

En mars 1617, dans les débuts troublés du règne de Louis XIII, le château est la propriété de François-Annibal d'Estrées vicomte de Coeuvres, membre du « parti des mécontents » mené par Henri II de Bourbon-Condé, prince de Condé.
Le château est assiégé et pris par les troupes du gouverneur de Compiègne, envoyées par Richelieu, secrétaire d'État à la Guerre. Le conseil du roi Louis XIII décide alors de démolir le château, en mai 1617. Son démantèlement est entrepris, par le comte d'Angoulême. On fait sauter les grosses tours par la mine, les logements détruits, les planchers et charpentes brûlés. Les ouvrages extérieurs sont rasés, les toitures détruites et des saignées sont pratiquées par la sape dans les tours et les courtines nord.

La redécouverte de Pierrefonds

  • Les ruines restèrent dans le domaine de la couronne pendant plus de deux siècles et fut finalement vendu à la révolution comme bien national.
  • Napoléon Ier le rachète en 1813 pour 2 700 francs et le fit rentrer dans les dépendances de la forêt de Compiègne.
  • Au cours du XIXe siècle, l'engouement pour le patrimoine architectural du Moyen Âge le fait devenir une « ruine romantique » : en août 1832, Louis-Philippe y offre un banquet à l'occasion du mariage de sa fille Louise avec Léopold de Saxe-Cobourg Gotha, premier roi des Belges. Comme d'autres artistes, Corot représente les ruines à plusieurs reprises entre 1834 et 1866.

La réinvention du château


Cour intérieure

Chapelle

Maquette en pierre
Le prince président Louis-Napoléon Bonaparte le visite en 1850. Sur les conseils de Prosper Mérimée, celui-ci devenu l'empereur Napoléon III, demande en 1857 à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc d'entreprendre sa restauration.
Une anecdote raconte que l'empereur hésitant entre la restauration du château de Pierrefonds et celle d'un autre château, l'impératrice Eugénie lui proposa un tirage au sort, dont sortit le nom de Pierrefonds. Et pour cause : pour satisfaire sa préférence, elle aurait écrit ce nom sur les deux papiers du tirage.

Le chantier commence, en janvier 1858, tout d'abord pour rénover la tour Hector de cette ruine célèbre et visitée5. Il n'est alors question que d'une simple remise en état des parties habitables (donjon et deux tours), les ruines « pittoresques » devant subsister pour le décor. En 1862, le projet prend de l'ampleur : le souverain désire cette fois-ci en faire une résidence impériale afin de recevoir et de faire admirer sa splendide collection d'armes et d'armures; le château doit donc être entièrement reconstruit. Les travaux, qui auront coûté cinq millions de francs de l'époque (dont quatre millions ont été prélevés sur la liste civile de l'empereur), seront arrêtés en 1885, six ans après la mort de Viollet-le-Duc. Faute d'argent, la décoration des salles reste inachevée.
Viollet-le-Duc fera pour l'intérieur un travail d'invention et de recréation beaucoup plus que de restauration. Il imaginera comment aurait dû être le château, sans se fonder sur l'histoire stricte de l'édifice. La cour intérieure, avec ses galeries Renaissance, tout autant que les peintures polychromes d'inspiration médiévale, témoigne de son éclectisme et de sa liberté d'interprétation.
On reconnaît par contre dans l'architecture extérieure son excellente connaissance de l'art castral du XIVe siècle6. L'architecte s'offrira cependant dans le parc et les fortifications un éventail éclectique des constructions défensives des autres époques. Il a laissé libre cours à une inspiration très personnelle, travail qui n'est pas sans rappeler celui effectué par l'architecte au château de Roquetaillade. Mort avant la fin du chantier, c'est son gendre Maurice Ouradou qui continuera la reconstruction puis Juste Lisch qui la terminera7 sur la période 1858-1885.
Si ses détracteurs lui ont reproché cette réinvention d'une architecture néo-médiévale, qui prenait de larges libertés avec la vérité archéologique, Viollet-le-Duc a fait montre dans cette reconstruction d'un exceptionnel sens de l'élévation et des volumes et d'une incontestable sensibilité au site8. Il ne fit pas œuvre d'archéologue, mais de créateur. Il a imaginé des sculptures, des boiseries, un décor peint, des meubles, tout un ensemble qui annonce parfois plus l'Art nouveau des années 1900 que le retour au Moyen Âge. Il s'est attaché à concilier le respect des vestiges médiévaux et les impératifs de la vie de cour telle qu'on la concevait sous Napoléon III.

Les différents espaces et lieux à découvrir

Le Donjon

Bâti dès le XIVe siècle, le donjon a pour particularité et originalité d’être totalement accolé à la muraille du château. Composé de trois étages successifs, il était destiné à accueillir les appartements des souverains. Aujourd’hui, seuls les appartements de l’Empereur Napoléon III sont accessibles au public.
Le premier étage se découpe de la manière suivante :
  • La salle de réception ou salon : au XIXe siècle, l’Empereur et l’Impératrice recevaient ici leurs proches et intimes. Salle dépourvue d’ameublement à l’exception d’une banquette remarquable, la décoration est quant à elle très lumineuse et riche. Les murs représentent divers emblèmes et blasons de souverains peints par la technique dite de peinture au pochoir. Se côtoient dans cet ensemble l’Aigle impérial de Napoléon III et le porc-épic de Louis XII. Le porc-épic était l’emblème de la dynastie des Valois d’Orléans et leur devise : « Qui s’y frotte s’y pique ». Le reste de la pièce est agrémenté de panneaux de lambris sculptés et représentant diverses chimères.
  • La salle des plâtres de travail : dans ce lieu totalement dépourvu de peintures murales, étaient réalisées et exposées diverses statuettes destinées à orner le château.
  • Le Bureau de l’Empereur ou garde-robe : pièce la plus meublée du donjon, avec notamment le bureau sur lequel travaillait Viollet-le-Duc. Intrigant mais amusant, le premier cabinet de toilette, dissimulé derrière une porte faisant office d’armoire. Ce cabinet de toilette possédait un système de chasse d'eau alimenté par le biais d’une bassine remplie d’eau et située au-dessus de l’armoire.
  • La Chambre de l’Empereur : pièce immensément illuminée, cet avantage provenant de sa position au centre du donjon. La fresque murale située au niveau du plafond narre l’histoire d’un chevalier ou seigneur au XIVe siècle.

Le Grand Corps de Logis


Salle des Preuses
Espace le plus vaste et riche de tout le château, son architecture est impressionnante et sa décoration grandiose.
  • La salle dite des Preuses : ancienne salle de justice, aujourd’hui salle la plus imposante du château incarnant le faste de la période Second-Empire. Elle a une longueur de 52 m, une largeur de 9,50 m et une hauteur de 12 m. Sous le Second Empire, ce lieu sert de salle de réception ainsi que de galerie de bal. Le portail est richement orné de statues-colonnes avec, au centre, l’empereur Charlemagne ; à son dessus, deux anges soutiennent le blason impérial surmonté d’une couronne. La cheminée à double foyer est monumentale et ornée d’un manteau représentant neuf statues féminines issues des légendes et du populaire médiéval, nommées les preuses. Au nombre de neuf, elles évoquent l’amour courtois et sont ici représentées sous les traits de l’Impératrice Eugénie et de ses dames de compagnie.
  • Le château comporte huit tours dont chacune porte le nom d’un personnage issu des Neuf Preux. Parmi ces tours nous avons : Artus, Alexandre, Godefroy de Bouillon, Josué, Hector, Judas Maccabée, Charlemagne et Jules César. La Tour Alexandre (dite Tour de la torture) reprend l’architecture du XIVe siècle avec ses murs bruts. Au bas, dans les soubassements de la tour, se trouvent toujours les oubliettes datant de l’époque médiévale. Le preux non doté d'une tour (le roi David) a été symbolisé par la présence d'une étoile de David dans la rosace de la chapelle.
  • Le chemin de ronde et l’escalier à double révolution : le chemin de ronde entièrement couvert fait le tour de l’enceinte du château ; couvert dès le XIVe siècle, il permet une défense supplémentaire. L’escalier à double révolution emblématique de la période Renaissance offre deux volées qui ne se croisent pas (comme au château de Chambord), jouant ainsi sur une idée de divertissement pour la Cour9.

Un monument en transformation


détail de décoration intérieure dans le salon de réception
  • Au terme d'une période de désaffection qui a vu diminuer le nombre de ses visiteurs (100 000 en 2000), le domaine est dirigé depuis 2008 par l'administratrice Mme Eva Grangier Menu.
  • La galerie des gisants a fait l'objet d'une nouvelle scénographie après l'affectation définitive des sculptures en plâtre provenant, pour la plupart, de la nécropole de la basilique Saint-Denis10. Représentant des personnages étroitement liés à la monarchie française, elles avaient été commandées par le roi Louis-Philippe pour le Musée de l'Histoire de France du château de Versailles.
  • D'autres parties du château sont ouvertes, dont l'exposition de la collection Monduit, en cuivre martelé.
  • Le parc du château fait l'objet d'un programme de restauration, avec la construction et l'installation d'engins de siège, comme un trébuchet.

Le château comme décor de cinéma

Le château sert fréquemment de lieu de tournages de films : Le Miracle des loups (1961, avec notamment Jean Marais), Le Bossu (1959), Papy fait de la résistance (1983), Les Visiteurs (1993), Jeanne d’Arc (1999), Sydney Fox, l'aventurière (1999), Les Rois maudits (2005), etc.
Plus récemment, depuis 2008, il sert de décor à la série télévisée britannique Merlin, sur BBC One. Il a aussi inspiré le château du roi Miraz dans Le Monde de Narnia : Le Prince Caspian (2008).

Galerie



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