Le château de La Roche-Jagu en Ploëzal

Ce château a été acquis par le département des Côtes d’Armor en 1958,
suite à une donation du Duc d’Alès. De nos jours, son parc paysager est
ouvert au public toute l’année. Il est situé sur la commune de Ploëzal
(22260).
Le château de la Roche Jagu est situé en haut d’une colline qui
domine une anse du bras de mer le Trieux. Le visiteur est accueilli par
un vieux chêne agé de 350 ans, qui domine la cours du château. Un parc
de 73 hectares entoure le château, 30 sont ouverts au public. La tempète
de 1987 ayant dévasté la forêt du parc, depuis 1990, le parc est devenu
paysager, d’inspiration médiévale, et a été inauguré en 1999. En 2005,
le parc a obtenu le label "Jardin Remarquable".

Flanqué de deux tours, l'une en façade et l'autre accrochée à l'angle du pignon surplombant l'estuaire, il
fait face au visiteur venant par les terres. Pour y parvenir, le randonneur aura suivi le sentier qui le
remonte sur la rive droite, passant par le Rocher Argenté d'où il aura découvert une large portion de la
vallée. Il aborde cette vaste demeure en débouchant sur un escalier métallique placé là tant l'érosion et le
passage humain en avaient usé l'assise.
C'est au pied d'un contrefort massif paraissant inachevé, percé d'une étroite fenêtre, accolé à une tour à
mâchicoulis ornant l'angle nord-est du château, que vous déboucherez sur l'esplanade herbeuse ouverte sur une
entrée monumentale.

De part et d'autre, de larges sentiers bordés d'une végétation toute
en couleurs à la belle saison mènent
de la porte des remparts au porche d'entrée d'un édifice défendu par une
lourde grille de fer. Cette entrée
d'inspiration gothique tranche sur une architecture d'ensemble où
dominent les angles droits formés non
seulement par les murs mais aussi par les fenêtres donnant sur la cour
d'entrée. Avant d'arriver là, vous
aurez peut-être découvert un petit masque naïf sculpté dans un bloc de
granit gris enchâssé dans l'angle
formé par le pignon est et le contrefort de la tour qui s'y accroche.
L'arrière du château se caractérise par
de hauts murs partiellement brisés en leur sommet par un encorbellement
au niveau d'un chemin de ronde couvert, permettant de guetter aisément
la vallée du Trieux et d'éventuels assaillants.
Dans le prolongement de celui-ci, une partie de la façade arrière,
prolongée elle aussi d'un arrondi de
tourelle à mâchicoulis, est constituée d'un mur à pan de bois tranchant
sur la froideur du granit dont il
forme le rehaussement.
La tour de la façade avant possède les mêmes caractéristiques, s'imbriquant presque totalement dans les
hauts murs et une toiture coiffée de dix-neuf cheminées octogonales de style gothique flamboyant, ornées de multiples
couronnes scultptées.

L'architecture austère du château de La Roche-Jagu, quelque peu
tempérée par ces particularités, trouve
son origine au début du 15ème siècle. Il avait deux vocations : il était
tout à la fois une résidence de prestige et un ouvrage défensif. Il ne
fut toutefois pas le premier à s'asseoir sur les rochers dominant
une courbe du Trieux. Cette spécificité fera de l'endroit, depuis bien
longtemps déjà, un site idéal pour
observer le trafic maritime entrant loin dans les terres mais aussi une
place-forte plus facilement
défendable.
Il est fort probable que, déjà bien avant l'ère dite chrétienne, quelques lointains ancêtres s'installèrent
ici. Le territoire de Ploëzel recèlant par ailleurs les vestiges d'un tumulus datant de l'âge du bronze au
lieu-dit Tossen-Ribourden, leurs contemporains furent sans doute attirés par la situation avantageuse d'un tel poste
d'observation. Aucune trace d'une telle occupation ne fut toutefois jamais découverte en ces lieux ...
La première citadelle connue y fut érigée au 11ème siècle, par une famille dont le nom sera toujours
attaché à ce domaine. Elle s'éteindra à la fin du 14ème siècle, transférant de fait la propriété au domaine
ducal dépendant de Jean IV de Montfort. Le fort deviendra alors le siège d'une garnison puis sera entièrement
détruit au début du 15ème siècle.

Catherine de Troguindy deviendra propriétaire de ces terres et entreprendra
la construction du château actuel, à partir de 1405. Cette nouvelle forteresse ayant l'heurt de déplaire à
Marguerite de Clisson qui présidait alors aux destinées d'un autre château, celui de Châteaulin-sur-Trieux
situé en amont sur les terres de Pontrieux, elle fera emprisonner les ouvriers du chantier en 1407 ! Il
faudra l'intervention du duc de Bretagne pour mettre fin à ce conflit et autoriser enfin le parachèvement du
château de La Roche-Jagu peu avant le décès de Catherine de Troguindy, en 1418. Achevé en 1420, le château et
son domaine passeront ensuite successivement dans les mains de diverses familles (Du Parc, Kersaliou, Treal,
Kerimel, Penhoët, Coëtmen, Acigné, Plessis-Richelieu et de Fronsac, de Tressan), jusqu'à la Révolution. Au
18ème siècle, le duc de Richelieu y fera creuser plusieurs souterrains mais les aura fait combler avant de
céder la forteresse au conseiller Le Gonidec de Tressan. Jusqu'alors, les divers propriétaires des lieux
avaient pouvoir de haute, moyenne et basse justice, régnant sur un vaste territoire où les fermages leur
assuraient de bons revenus. Les derniers propriétaires privés seront issus de la famille d'Alès, à partir de
1899. Son ultime châtelain, le vicomte d'Alès, ne pouvant faire face aux restaurations qu'impliquaient, dès
1930, le classement du château à l'inventaire des monuments historiques, en fera don au département par un
acte dressé le 9 avril 1958. Cette date marquera le début d'une rénovation complète du domaine et de sa pièce
maîtresse ainsi que la mise en valeur des jardins, pièces d'eau et cultures en terrasses descendant jusqu'aux
berges du Trieux.
Aujourd'hui, l'ancienne conciergerie et les annexes ont été transformées en lieux de réception,
restauration et rafraîchissement, percés dans le rempart ouest par un porche menant aux jardins.

En parcourant ces étendues de verdure se développant aujourd'hui sur
une soixantaine d'hectares, rehaussées depuis 1995 par la plantation
d'une palmeraie, vous aboutirez à la cale privée de La Roche-Jagu.
Autrefois fréquentée par les bateaux pratiquant le cabotage en remontant
de la mer jusqu'a Pontrieux, ce port minuscule permettait le chargement
des fils de lin et de chanvre extraits des cultures pratiquées sur les
plateaux. De cette activité subsistent encore, à l'est du domaine, les
quelques bassins de rouissage désormais transformés en jardin aquatique.
De nos jours, la cale est fréquentée par quelques bateaux de plaisance
et, lorsque la marée le permet, la vedette de l'Arcouest y fait escale
pour un moment, le temps d'une visite de La Roche-Jagu, déversant son
flot de visiteurs curieux d'un site chargé d'une longue histoire.
Galerie
Source
Les bulles font des anneaux à la surface.
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